jeudi 3 septembre 2009

Quand la tradition et le design se côtoient : visite de Blackbox

Oaxaca est souvent présentée comme la capitale culturelle du Mexique. Située dans le sud du pays, l’architecture coloniale y est belle, les rues piétonnes, agréables, les commerces et galeries d’art, nombreux. Sur le Zòcalo, des membres issus de différentes communautés donnent rendez-vous aux habitants et aux touristes pour vendre leurs produits.

Gustavo Fricke y a élu domicile et y a travaillé jusqu’en 2008 comme designer. Ses réalisations incluent la signalisation du collège La Salle, le design complet du café La Pochotita et la conception de l’exposition du 475eme anniversaire de la ville. Son oeuvre est marquée par une conscience de l’environnement et un respect profond du milieu. De fait, il note sur son site personnel:
Design represents us; it is our reflection. Let it be one that exemplifies all that is good in us.

Visionnaire, il fonde, en 2005, Blackbox. L’entreprise est à la fois un espace de création et un magasin qui regroupe sous son toit le savoir-faire ancestral de la région et le design original de son fondateur. Du reste, la mission est claire :
Oaxaca has one of the highest emmigration rates of all Mexican States. In response to this, Blackbox seeks to create a solid, high quality and creative handcraft industry that includes several communities in the creation of new products.

This project provides jobs in rural Oaxaca, and therefore respects an ancestral way of life that was inherited through the generations.

Every product is unique, breaks with the established and experiments with this form of creation. This is our revolution, our way to seek change, with mud or paper pulp on our hands, sawdust covering our faces and weaving a dream thread by thread, a dream of autonomy, opportunity and freedom that is full of expression…

Jumeler l’artisanat au design est un grand défi : Fricke doit à la fois créer des produits intéressants et respecter les matériaux traditionnels et les façons de faire artisanales. À la fois se sortir du piège du déjà-vu – éviter les modèles reproduits des centaines de fois et présents à tous les coins de rue – et ne pas tomber dans celui de l’excès. Pour y parvenir, Fricke se réfère régulièrement aux motifs classiques de la nature – arbres, fleurs, oiseaux – auxquels il juxtapose des éléments urbains comme des lampadaires. Il crée des objets aux formes particulières, souvent oblongues, lisses, en rupture avec les poteries que l’on voit souvent plus rugueuses, par exemple. Et même si les objets sont résolument créatifs et originaux, ils laissent toujours transparaître les matériaux dans lesquels ils sont créés, vus comme leur essence; les créations reposent véritablement sur la matière.

Gustavo Fricke crée, finalement, des objets utilitaires qui, ne le cachons pas, sauront surtout plaire à une clientèle particulière, amatrice de belles pièces. Des gens qui prennent plaisir à visiter la boutique hétéroclite qui a pignon sur la rue Rufino Tamayo à Oaxaca.


C’est pourquoi l’entreprise peine à survivre, même si l’idée est audacieuse et pleine de potentiel : “The store is not doing good though, we’re still working with a fair price mentality and its hard to make the rent”, explique l’artiste. Néanmoins, il sera prochainement possible de trouver les créations de Blackbox à Mexico et celles-ci sont déjà en vente sur le site Internet de l’entreprise.


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