vendredi 11 septembre 2009

Le design graphique était-il meilleur en 1989?

Dans son édition de mars 2009, la revue britannique Grafik posait la question : est-il plus facile d’être designer graphique maintenant ou était-ce plus facile en 1989? Les six réponses présentées sont ambivalentes : “Graphic design has become more accessible, less effort and much quicker. You can do things now you couldn’t even dream about in 1989. But despite the obvious benefits, computers have also allowed every man and his dog to believe they are designers”, écrit par exemple Mike Denny de la firme Roundel.

Nous sommes effectivement de la génération Mac. L’ordinateur, qui a vu le jour en 1984, est rapidement devenu la marque de commerce des artistes graphiques et il est maintenant Impossible pour nous d’imaginer le travail que représentait le tire-ligne et le montage d’affiche au letraset.

Mais si la pratique graphique se base aujourd'hui sur les différents logiciels de la suite Adobe, il existe un réel attrait pour la matière chez les jeunes designers. Une envie de travailler les textures, les objets, de juxtaposer des éléments, d’en examiner les reliefs et de jouer avec les contrastes. Pensons au travail de Julien Vallée qui, récemment, faisait la couverture du magazine IdN.


Plus encore, certains artistes s’efforcent de travailler à la main et cette vision “old school” du travail de designer prend une place de choix dans l’univers visuel de 2009.

D’une part, certains y voient un esthétisme plastique, tout en nuances et en précision, rendu possible par l’utilisation de différents matériaux et de plusieurs techniques. C’est le cas de Stéphan Muntaner, fondateur du studio C-ktre à Marseilles, dont les oeuvres étaient récemment publiées dans la revue Grafika. Ses affiches, marquées par la surcharge d’éléments, revendiquent fièrement leur côté artisanal, à la main, d’inspiration vintage.


D’autre part, on retrouve chez certains designers un côté plus brouillon, à la recherche des textures. Les illustrations sont égratignées, la typographie, inégale. Ce courant est souvent associé à la sérigraphie, aux illustrations comiques, à la bande dessinée.

Dans les deux cas, toutefois, le travail par ordinateur n’est pas exclu. Vu comme un outil, ce dernier permet au travail d’avancer plus rapidement, d’être poussé plus loin. Parce que ce que l’ordinateur donne surtout c’est le droit de se tromper et de recommencer. Une liberté, donc, dont tirent avantage les designers de 2009.


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2 commentaires:

  1. On connaît tous des exemples de gens, du mononcle au prof en passant par le responsable du journal d'une école secondaire, qui se prennent pour des designers graphiques parce qu'ils utilisent des effets Photoshop et des ClipArt. Parfois, ça flashe, ça impressionne un peu, mais je pense toutefois que même le public néophyte est capable de reconnaître la qualité d'un design fait par quelqu'un qui a une véritable démarche créatrice et qui va plus loin que le Comic sans ms. Et surtout, j'ose espérer qu'il saura trouver ça meilleur que l'affiche du mononcle avec un effet lens flare.

    N'empêche, le design, comme tous les arts, se démocratise, et le plus dur pour les professionnels est peut-être de faire reconnaître la nécessité de leur travail à des gens qui préfèrent le faire eux-mêmes, parce que "tout le monde peut le faire"...

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  2. J'appuie l'opinion d'Esquimaude et j'ajoute qu'il est en de même en photographie. Pourquoi faire affaire avec un artiste professionnel de la photo quand le neveu du voisin a une caméra plus professionnelle que notre compact et qu'il s'en tire bien? Enfin, c'est difficile pour les professionnels quand cela devient aussi accessible à tous...

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