jeudi 17 septembre 2009

Mélange des genres

La semaine dernière, Art & Design Montréal présentait, à la SAT, une nouvelle exposition où les créations de plusieurs designers, photographes et illustrateurs étaient données à voir. L’exposition prenait le pari de révéler au public des oeuvres personnelles et professionnelles signées par des artistes habituellement associés aux pratiques commerciales. Si l’exposition était inégale, tantôt délirante, tantôt convenue, le travail du collectif 123Klan a tout de même attiré mon attention.   

123Klan a vu le jour dans le Nord de la France en 1992. Issu d’un couple de graffiteurs, 123Klan est pionnier dans l’art de mélanger graffiti et design sur Internet. L’entreprise qui compte Hasbro, Coca Cola, Playstation, Footlocker, Nike, Sid Lee – et j’en passe – parmi ses clients est aujourd’hui basée à Montréal.
   

De leur travail, on retient le style léché, les couleurs en aplat, franches, vives, les images chargées. À leur manière, ils revisitent finalement l’esprit de la rue, la culture jeune, populaire et frondeuse.    


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D’une façon complètement différente, le designer Yuri Suzuki s’est lui aussi intéressé au graffiti. Y voyant une manière de s’approprier l’espace public, il propose, par exemple, de le jumeler avec des stations de radio clandestines. Ainsi, une station de radio se crée une image aux lignes pures, semblable à un code barre, et à l’aide d’un stencil, en décore les murs de la ville. Les utilisateurs n’ont qu’à photographier l’image sur leur portable et celui-ci fait le lien par Internet vers la station de radio. Autrement dit, le graffiti fait ici, ironiquement peut-être, office de publicité réservée aux initiés.  

  

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Du reste, l’exploration des possibilités qu’offre le graffiti n’est pas nouvelle. De fait, sa grande visibilité, son caractère subversif et son esthétique unique intéressent les artistes. Depuis quelques années, par exemple, le Graffiti Research Lab organise régulièrement des événements visant la recherche et le développement de cette forme de communication urbaine. Des cellules du GRL sont présentes dans plusieurs pays et proposent des variations techniques à la bombe aérosole, des graffitis de lumière. Vous voyez?

1 commentaire:

  1. Il y a d'ailleurs une mini-polémique sur le web montréalais actuellement concernant la récurrence d'un tag à travers la région métropolitaine (MTL, Laval, Rosemère, Longueuil, et même Québec et Sherbrooke) qui va comme suit: SPY EAR VOCALIZE SILENT. J'ai même trouvé un groupe Facebook qui demande "What the hell is SPY EAR VOCALIZE SILENT?" Les possibilités sont multiples et ça devient de la nourriture à légendes urbaines, mais parmi les théories pour expliquer l'origine du tag, t'as cette même idée de publicité "underground", subversive. Une sorte de campagne virale.

    L'énigme est d'autant plus mystérieuse de par l'espèce de flou connotatif du message. Ça fait "théorie du complot" sur les bords, et en même temps, ça pourrait être le nom d'un nouveau band métal minable qui a tout un talent de PR pour convaincre une trallée de tatas de gribouiller leur nom partout.

    J'ai trouvé ce blog qui en fait un petit inventaire personnel:

    http://scratchscratchclickflash.blogspot.com/2008/08/spy-ear-vocalize-silent.html

    Et en lisant le post, j'ai remarqué que l'auteur parle de Thomas Pynchon et de l'écriture de la paranoïa. La vie urbaine donne à lire une quantité infinie de messages plus ou moins dirigés et y'a de quoi être parano!

    Bref, pour ne pas trop décoller de ton post sur les croisements entre graffiti, graphisme et publicité, je suis tout à fait d'accord pour dire que d'intégrer au design des pratiques et principes (anarchie!) "de la rue" ouvre sur tout un monde de possibilités artistiques. Seulement je suis toujours ben ben ambivalent quand je vois ces mêmes pratiques dans le cadre d'un plan marketing... J'ai déjà vu un de ces babillards de Coca-Cola style "street" couvert de graffitis: c'est à croire que les graffiteurs n'en ont rien à crisser de l'effort de rapprochement entre leur culture et celle du consommateur.

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